Nos chers parents nous achètent la Planque un mercredi de janvier 99. Je m'en souviens encore, je joue la nounou de service pendant la cérémonie du notaire. Vieille bâtisse du début du vingtième, notre nouvelle acquisition appartient à l'origine à l'Oncle. Propriété isolée dans le pays profond, loin de tout et de tous, de nombreux acheteurs s'y accrochent pourtant. Le proprio, notre affectueux doyen, l'Oncle avec le O majuscule, nous le découvrons très récemment. Personnage entêté, il juge sa tanière bien trop grande. Et notre gentil Papa convoite ce gentil coin de verdure dans le cadre de notre gentil équilibre. Nous, ses trois zèbres. Mais notre paternel n'en possède pas vraiment les moyens. Le doyen lui, n'attache aucune importance à ce paramètre lié au fric. Il nous la réserve donc gentiment. Pourtant une grosse banque lui en propose une somme rondelette. Fréquemment aussi, une énorme boite en double l'offre. L'homme ne capitule point. Au final, il nous la cède pour une modique somme. Il pallie ainsi, il le déclare souvent, le manque de blé de son pauvre neveu...
Désormais, par la présente transaction, la propriété des Boutons d'Or de Verveine reste aux Synonym. Dans la tribu, nous nous appelons Synonym. Mais sans le e à la fin. Notre bled garde le nom d'une tisane. Et notre propriété porte l'appellation champêtre.
Nous, les trois frangins, nous la rebaptisons bien vite Château de Mam's pour qui vous devinez. Et la Planque pour nous. L'Oncle, Maxiimilien de son petit nom, ressemble à un jeune homme ; du style ancien de l'Administration ; avec le A majuscule. Sa passion première demeure les dames ; en deux, la lecture obsessionnelle de la Locaale, la gazette du coin ; en trois, sa collection personnelle du même canard. Il l'entrepose d'ailleurs scrupuleusement dans sa piaule. Lui, en réalité, il n'habite plus vraiment là. Et la préposée du courrier, la posteuse dixit Martin notre petit frangin, lui garde sa feuille de choux. Pendant ce temps, il squatte chez l'habitante. Depuis peu, il idéalise sur la maison de retraite des Canards ; immense poulailler de son modeste avis... Mais l'intégration dans cette noble institution impose la bonne vieille maladie fatidique. Et ce genre de poisse zappe sur l'Oncle. En plus, du genre hypochondriaque, il consulte au moindre éternuement. Et à part son oreille gauche qui ne capte plus que les graves, le reste fonctionne plutôt bien. Notre père, avec son solide esprit de clan, se réjouit de son maintien occasionnel à la Planque. Nous lui en conservons son territoire à proximité de la cuisine. Une précision toutefois, l'Oncle apprécie la bonne bouffe, ne touche aux casseroles que dans la fringale ultime et n'abuse jamais de breuvages à base de jus de raisin...
L'Oncle Maxii avec deux i demeure une figure. Avec lui, on cause de tout. Enfin presque tout. Un seul sujet semble tabou ; nos uniques voisins ; Gaardénia et Johnn Leinster. Ils ne présentent aucun intérêt, et au pire, une source d'embrouilles... dixit le même.
Verveine, voire Nulle part pour nous, reste le coin perdu sur lequel se situe La Planque. Petit hameau de quelques pèlerins égarés, l'endroit se décline comme The end of the world ; à deux cents bornes à vol de mouettes de la grande blue, et à cinquante de la banlieue la plus proche. J'appelle ville par définition, le premier coin où cohabitent fast-food et cinoche, en référence à notre passé. J'aborde le sujet un peu plus loin. À trois bornes de Verveine, en rase campagne, notre repaire se compose d'une grande maison, d'une grange et d'un pré, le tout cerné par l'Avenue Thuyas, une haie naturelle, haute et permanente.
Gaardy et Johnn Leinster, nos seuls voisins habitent la propriété mitoyenne de la notre, conçue sur le même modèle ; bâtisse entretenue, ses dépendances, son terrain entouré d'arbustes. La région présente une succession de petites cuvettes verdoyantes au milieu de forêts.
Le bled de Verveine n'apparaît sur aucune carte. Sa gare se décline sous Terminus Zéro ; elle sert de centre de tri à la nouvelle boite privatisée du courrier, la BoiteôLettres.
Trois kilomètres plus bas crèchent nos ultimes voisins. Kaarll et Saraah Munsteerr, un couple dans la soixantaine tranquille. Ils vivent dans la profonde depuis une décennie. Kaarll rachète la boite de récupération du vieux Fer, l'ancien ferrailleur. Ce dernier bosse depuis dans la haute stratosphère. Vraisemblablement... ; et pour le compte d'un certain Bidule, grand Saint de son état. L'entreprise Full Métal Iron Steel Company s'étale en rase campagne ; dans une petite cuvette entourée d'un bois. On y accède de la Planque par le dernier chemin praticable.
Les Munsteerr apparaissent comme des voisins sympathiques. La boulangère du coin les traite pourtant en estrangers qui tapent dans les vieilles gamelles... À Jedi-City, le nom de Verveine ne nous convient vraiment pas, quelques personnages particuliers collent bien avec cette contrée paumée...
D'abord le curé, Sammuell Connacht dit Samm, prêcheur inhabituel... Il évangélise ses foules avec sa bagnole de couleur noire. Une Camaro. Huit cylindres, trois cents bourrins sous le cabot, comme le raconte Martin. Même sacerdoce au guidon de sa bécane. Un bon vieux 900 Kawasaki monté pot de piste... Le père Connacht affiche la soixantaine cool. Sa chapelle présente sous clocher une parabole. Il capte ZNNPlus et les exploits des Zicago Bullz. Et les horaires de messe s'adaptent le plus souvent à ceux des matchs. Et au nombre fort restreint de brebis perdues. Voire unique quand la reine du ragot pétri s'y égare toute seule.
Autre personnage sympathique, Cloée, la jeune posteuse... Elle livre scrupuleusement la Locaale de l'Oncle à onze heures tapantes. Stylée comme une Camaro première génération dixit le même... et pourtant, je ne la courtise pas. Il le déplore...
J'en reviens aux Leinster. La petite dame représente un authentique personnage du siècle passé. Native soi-disant du premier janvier 1900, très agréable du haut de son mètre cinquante-sept et de son accent charmeur, elle réclame souvent des news de l'oncle. D'après Dame Margarine, toujours la même, ils crèchent à Verveine depuis un bail. Johnn lui, on ne lui donne pas vraiment d'âge. Ave son éternel teint carotte. Il sort rarement de chez lui. Et accessoirement, il arrose ses tulipes. Les jours de médisance, Maxiimilien chante d'ailleurs qu'il ne bricole rien d'autre, le Johnn... Et nous lui balançons qu'il s'occupe au moins de son jardin, lui...
Et ça m'amène à nous cinq de la tribu Synoche ; Synoche comme sobriquet de Synonym en référence à notre passion du cinoche. Non pas en septième art mais comme la composition subtile de toutes les créations réunies...
Mon père s'appelle Philipp. Dans le genre Papa sympa, éternel ado et véritable coureur de jupons ; avant notre Mam's, bien évidemment... Depuis, guéri de cette honorable maladie de famille, décrite comme non honteuse par l'Oncle, il respire le grand amour avec Maman. Et no problème entre eux... D'ailleurs, ils fonctionnent toujours ensemble. Et nous, les trois zèbres, nous évoluons sur le même mode. Pap's enseigne la langue de monsieur Shakespeare dans un bahut privé ; dans la même ville où vivotent fast-food et cinoche... Il ne se déplace qu'avec sa bécane favorite, un Yamaha 500 XT modèle 77. Il la ramène d'ailleurs dans la soute du gros naviongue. Je le raconte un peu plus loin. Et sa monture participe autrefois à un rallye d'à fric, dixit Martin. Depuis, deux pneus neufs, une nouvelle chaîne et le bestiau ronronne comme une mariée...
Maman, Mam's, notre Charlotte à nous, enseigne l'Histoire avec un grand H. Dans la même boite à bac. En fait, nos parents sévissent dans un vrai bahut depuis la précédente rentrée de septembre. Ils abandonnent ainsi leur mandat de précepteurs en ambassade. En clair, l'enseignement au profit de petits groupes de potaches. Leur dernier poste relève du territoire du Caalicoba. Pas bien loin des îles Caalao... Vous prenez une mappemonde, vous la partagez en deux. Vous marnez ensuite en dessous du trait équateur, là, un peu à droite, et plus précisément sur le cent vingtième parallèle. Vous n'y parvenez jamais. Normal, ça n'apparaît sur aucune carte. Et nous, les trois zèbres, nous ne connaissons que le Caalicoba...
Bref, ici, notre mode de vie change... Parallèlement à leur vie professionnelle, nos parents acquièrent la vieille bouquinerie du centre ville. Et là, que du bonheur... Mam's, nous la trouvons trop belle au milieu de ses grimoires. Et de ses patchworks en décoration. Mon père raconte d'ailleurs qu'on n'en fabrique plus des comme ça... Ils galèrent aussi à la recherche de vieux bouquins. Et de vieux tissus. Les brocantes, salles des ventes et autres lieux de chine restent leurs terrains favoris. À la recherche du bouquin perdu en devient d'ailleurs la logique enseigne de la boutique. Bref, ils séjournent rarement là, et nous nous en débrouillons fort bien.
Nous habitons l'appartement de fonction du bahut. Mère, elle déteste quand on la nomme ainsi, ne nous impose ni cuisine ni entretien monstrueux. Nous bectons à la cantine et les dames du ménage gèrent la crise. L'établissement jouxte l'école primaire, et l'internat reste commun. Bref, nous appartenons aux murs...
L'Oncle nous récupère le vendredi après les cours et nous ramène le dimanche soir ; et copié-collé pour les congés scolaires. Nous séjournons ainsi le maximum de temps à la cambrousse. Noël, le jour des cloches et la fête à Innocent, le saint homme... L'Oncle conduit notre vieux break familial, un antique Chevrolet Impala. Dit le Boeing. Cinquante bornes séparent le bahut de la Planque. Mais à chaque voyage, comme le déclare Martin, l'Oncle nous joue la Zalière de la peur. Il nous rejoint d'abord au magasin. Avec les options. Sombres lunettes et mitaines de zébu... Il poireaute dans la caisse. En fait, il décortique la Locaale du jour. Et plus particulièrement sa sempiternelle bande dessinée du genre interminable et d'un dessinateur qui signe toujours sous Anonyme One. Le cartoon s'intitule La bande des six Naps...ou presque. Naps comme Nouvelle Adaptation Post-Sélénite ; Naps ou Nez en sous-titre ; Nez comme Nouvelle Expérience Zéro. L'histoire farfelue de six nouveaux sélénites, en fait des supposés habitants de la Lune, on ne connaît pas leur nombre exact, mais des malfrats terriens à l'origine. Deux garçons accompagnés d'un cabot du style fatal. Et deux filles escortées d'un chat du genre féminin du style beauté. Ils naviguent entre la Terre et la Lune. Et tout ce beau monde redoute le jour du fameux domino sans marque, le double zéro ; qui en principe, annonce l'apocalypse. Bref, l'Oncle garde ses petites manies.
Pour l'anecdote, quelques semaines plus tôt, le Boeing tombe en rade pas bien loin du presbytère verveineux. Comme par un doux miracle, Samm l'homme d'église se charge du bestiau et de la révision des quatre cent mille. Il change aussi les boudins et les freins. Et nous récupérons notre gentil monstre. Véridique depuis... l'Oncle au volant de la familiale talonne la Camaro modèle 67 du même curé dans la grande ligne droite de Verveine...
Je présente trop bien les autres, mais je ne parle pas encore de nous trois. Les frangins Synoche. Camille, Lucas et Martin... Nous nous adorons. Nous portons souvent la même écharpe en patchwork confectionnée par Maman. De couleur grise et noire, un peu comme une bobine de cinéma. Nous semblons pourtant chiens et chats. Cabots et pouics, si vous préférez... Camille dit Mille, la bactérie pour mes frangins, Numéro un pour mes parents, ça reste moi. Moi et mes quatorze piges. J'étudie dans la ville où sévissent fast-food et cinoche... Passionné d'aéronautique, la moindre traînée de condensation me fascine. Je me souviens encore de notre dernier périple, dix-huit mois en arrière seuls à bord du gros naviongue en provenance du Caalicoba. Le même qui nous dépose bien gentiment, nous, nos bagages, les caisses de tissus de Mam's, nos vieilles bagnoles et la moto de Pap's. Et nous embrassons le Maxii sur la piste de l'Aéroclub des Gigognes, la seule bétonnée du coin. Elle et son vrai-faux fast-food fade bien trop souvent fermé... Dans ma caboche, je pilote tous les zincs de la planète. Condamné par le gène du myope à gros carreaux, je me contente de la manette de mon ordinateur. Et sans mes binocles, je reste miraud comme un mérou. Moralité, je prends mon pied ; ... sans les g ! Lucas, dit Caas, se situe bien dans la lignée Synonym. Surnommé microbe, voire numéro deux par nos parents, dix piges presque onze, premier passe-partout du bahut, il sait tout. Il entend tout. Tin lui lâche souvent qu'il risque la même cellule que Homer... Depuis la disparition du trousseau de clefs du gardien en chef. Martin, notre numéro trois, lui et sa fascination pour la tribu Simpson... Tin, notre virus à nous, ne s'exprime pas vraiment correct en matière du dialecte préconisé par les gentils manuels scolaires. Ça remonte bizarrement à notre arrivée. Notamment sa manie contagieuse du ave, non pas en salutation à la César prénom Jules, mais en guise de avec, la bonne vieille préposition. Il se tape donc l'orthophoniste. Miss Prononciation, elle-même instit et prof au bahut. Rose Blanche LaPoule de son nom. Bientôt sept piges le virus, et pourtant il cause couramment le british à l'insu de la grande prêtresse de la diction. Et de préférence avec notre vieille copine Gaardy... Et d'ailleurs, il déclare qu'ave la vieille dame, il parle vachement bien. En effet, notre paternel nous communique inlassablement sa connaissance de la langue de Shakespeare. Nous l'utilisons communément à la maison. Nous nous écrasons pourtant sur le sujet... J'en reviens à Tin, le mec reste malin comme un singe. Il mérite bien son dernier surnom. Rafiki. En référence au King Lion pour les incultes... Je le répète, Père et Mère fonctionnent tous les deux. Comme en phase. Ils prennent toutes les décisions ensemble. Ils encouragent nos chères études dans notre bien rangé bahut, loin en principe, des prédateurs de toute sorte. Pour les congés, ils nous préconisent le bon vieil oxygène de Nulle part en compagnie théorique de l'Oncle. Eux, ils pratiquent à leur manière la cambrousse profonde. Nous le savons, ils rencontrent quelques soucis avec le magasin. Qui, notamment, leur coûte un max de blé. Ils bossent comme des furieux. Ainsi le samedi se joue pour eux à la boutique. Le dimanche, chine et recherche de reliques. Et de vieilles étoffes. Le lundi, ils retournent aux galères forcées, avec nous, au détail du positionnement en matière de pupitre.Je présente trop bien les autres, mais je ne parle pas encore de nous trois. Les frangins Synoche. Camille, Lucas et Martin...
Nous nous adorons. Nous portons souvent la même écharpe en patchwork confectionnée par Maman. De couleur grise et noire, un peu comme une bobine de cinéma. Nous semblons pourtant chiens et chats. Cabots et pouics, si vous préférez... Camille dit Mille, la bactérie pour mes frangins, Numéro un pour mes parents, ça reste moi. Moi et mes quatorze piges. J'étudie dans la ville où sévissent fast-food et cinoche... Passionné d'aéronautique, la moindre traînée de condensation me fascine. Je me souviens encore de notre dernier périple, dix-huit mois en arrière seuls à bord du gros naviongue en provenance du Caalicoba. Le même qui nous dépose bien gentiment, nous, nos bagages, les caisses de tissus de Mam's, nos vieilles bagnoles et la moto de Pap's. Et nous embrassons le Maxii sur la piste de l'Aéroclub des Gigognes, la seule bétonnée du coin. Elle et son vrai-faux fast-food fade bien trop souvent fermé... Dans ma caboche, je pilote tous les zincs de la planète. Condamné par le gène du myope à gros carreaux, je me contente de la manette de mon ordinateur. Et sans mes binocles, je reste miraud comme un mérou. Moralité, je prends mon pied ; ... sans les g !
Lucas, dit Caas, se situe bien dans la lignée Synonym. Surnommé microbe, voire numéro deux par nos parents, dix piges presque onze, premier passe-partout du bahut, il sait tout. Il entend tout. Tin lui lâche souvent qu'il risque la même cellule que Homer... Depuis la disparition du trousseau de clefs du gardien en chef. Martin, notre numéro trois, lui et sa fascination pour la tribu Simpson...
Tin, notre virus à nous, ne s'exprime pas vraiment correct en matière du dialecte préconisé par les gentils manuels scolaires. Ça remonte bizarrement à notre arrivée. Notamment sa manie contagieuse du ave, non pas en salutation à la César prénom Jules, mais en guise de avec, la bonne vieille préposition. Il se tape donc l'orthophoniste. Miss Prononciation, elle-même instit et prof au bahut. Rose Blanche LaPoule de son nom. Bientôt sept piges le virus, et pourtant il cause couramment le british à l'insu de la grande prêtresse de la diction. Et de préférence avec notre vieille copine Gaardy... Et d'ailleurs, il déclare qu'ave la vieille dame, il parle vachement bien. En effet, notre paternel nous communique inlassablement sa connaissance de la langue de Shakespeare. Nous l'utilisons communément à la maison. Nous nous écrasons pourtant sur le sujet... J'en reviens à Tin, le mec reste malin comme un singe. Il mérite bien son dernier surnom. Rafiki. En référence au King Lion pour les incultes...
Je le répète, Père et Mère fonctionnent tous les deux. Comme en phase. Ils prennent toutes les décisions ensemble. Ils encouragent nos chères études dans notre bien rangé bahut, loin en principe, des prédateurs de toute sorte. Pour les congés, ils nous préconisent le bon vieil oxygène de Nulle part en compagnie théorique de l'Oncle. Eux, ils pratiquent à leur manière la cambrousse profonde. Nous le savons, ils rencontrent quelques soucis avec le magasin. Qui, notamment, leur coûte un max de blé. Ils bossent comme des furieux. Ainsi le samedi se joue pour eux à la boutique. Le dimanche, chine et recherche de reliques. Et de vieilles étoffes. Le lundi, ils retournent aux galères forcées, avec nous, au détail du positionnement en matière de pupitre.
Moi, Camille, je maîtrise le bon vieux principe du potache. Peinard, je bosse le minimum. En clair, j'assure le treize sur vingt qui rend le reste un brin facile. En plus, mon père me prévient gentiment ; ave la moyenne dans toutes les matières, y compris chant et solfège, il me lâche la basket. Elle remplace d'ailleurs ma vieille tong du Caalicoba. Pourtant, je ne bachotte pas plus de trente minutes par soirée. En résumé, je gère.
L'autre sujet d'actualité pour moi, avec mon presque double mètre et ma vue basse, reste celui de la gent féminine. Les nanas... Malgré mes binocles, j'entretiens ma cote même si je ne maîtrise pas encore The Big mystère de l'homme. J'évoque les dames, et par mimétisme aussi, notre adorable Maxii... Il mène une thèse perpétuelle sur le sujet...
Autre précision épineuse, elle concerne le frangin Caas. Il troque tout. Ça lui vient certainement de sa jeunesse passée sous le grand soleil des îles Caalao. Il affiche pourtant un discret quinze de moyenne. Il s'en moque comme de son premier pagne de compétition. En fait, il ne supporte pas son instit. Monsieur Greegue ; pour deux raisons fondamentales. D'abord, l'autre l'installe sur trois vies à pas dix centimètres de son bureau. Ensuite, l'autre proscrit toute activité sportive au nom du bon vieux principe de sécurité. Et Monsieur Greegue assure en personne la rubrique sportive de la Locaale. Caas le nomme d'ailleurs Panique Air Pompe. Et il lui pompe copieusement les sujets des contrôles de connaissances planqués dans sa zacoche. En bonne conscience, Caas les fourgue à certains. Presque gracieusement. Contre d'autres et menus services... Ça ne me branche pas ce genre d'embrouille. D'accord, l'instit ne ressemble pas à Kaarll le Lewis comme le ricane Tin... Mais quand je chope numéro deux sur ce genre de deal, je pique ma crise, le menace de tout mais je m'abstiens du reste.
Enfin, notre gars Martin ; Tin, l'authentique charmeur, Tin qui évolue malgré son langage approchant, moitié patois, moitié dialecte des îles brûlantes. Il excelle dans un truc étonnant. Lui, ses mollets de coq ; lui et la course à pinces sous le préau. Et là, personne ne le rattrape le préféré de Gaardy. Son petit Yogi comme elle le clame. Le seul de nous trois qui passe déjà en cachette sous l'Avenue Thuyas et lui branche la console sur sa télé. Et elle joue de son fauteuil à Astéroïdes, son jeu favori, et lui à Lemmings. Il s'assied toujours en tailleur comme au yoga, lui et sa manette de jeu. Et là, leur différence d'âge à tous les deux n'apparaît plus vraiment. Bizarrement, Martin ne s'en vante jamais trop de ces incursions. Mais nous le savons.